Suite de mon pavé sur le stress et ses effets…
Bon on a vu l’état physique créé par le stress, maintenant voyons comment je pense qu’on peut utiliser ces infos dans le cadre du ping (et du sport en général en fait).
Déjà, on peut se dire que les gestes les plus impactés par le stress sont ceux qui demandent le plus de relachement, de coordination et de motricité fine (sensibilité de la main, dextérité des doigts et du poignet).
A contrario, on peut se dire que les mouvements faisant appel à des grands groupes musculaires seront plus simples à exécuter dans ces conditions.
Ca veut dire que les joueurs les plus impactés par le stress seront ceux qui font un topspin CD avec le bras et le poignet par exemple, et qui ont l’habitude de compenser leur technique approximative par un toucher au dessus de la moyenne.
Concernant le stress lui-même, on dit souvent que la méditation et l’effort fait pour se calmer sont des bons remèdes contre le stress.
C’est faux.
C’est très efficace pour éviter au stress d’apparaître, et donc limiter la génération des hormones excitantes.
Mais quand on se calme après un coup de stress, le rythme cardiaque redescend certes, mais les hormones sont toujours là elles, comme un fusil chargé dont le coup n’est pas parti.
Du coup au petit coup de stress suivant le corps génère à nouveau une dose d’hormones, et là c’est la surdose et l’explosion. La fameuse “petite goutte d’eau qui fait déborder le vase”.
Pour éviter de laisser son vase du stress se remplir petit à petit, il faut donc le vider à chaque poussée de stress.
Pour cela, deux solutions : les reins (via l’urine) et la respiration (via l’essoufflement)
Donc quand on arrive sur une compet et qu’on ressent le stress, il faut boire beaucoup d’eau pour aller souvent aux toilettes, et surtout il faut donner au corps l’impression que l’effort physique nécessaire pour échapper au danger qu’il avait identifié a été effectué, et que l’alerte est passée.
Du coup ça passe par le fait de courir, taper dans un truc, crier un grand coup, etc, le but est d’envoyer après coup au cerveau la consigne de revenir en mode normal.
Bon, point suivant, comment jouer au mieux malgré le stress?
Déjà il faut avant tout prendre conscience de son état. Le plus simple est de mesurer son rythme cardiaque, mais il y a d’autres moyens, qui sont souvent propres à chacun.
En étant stressé, il faut éviter tous les coups qui demandent une grande coordination, et ceux qui demandent du toucher de balle:
- pas de service rentrant de la mort au début de set par exemple
- topspin en tournant bien les hanches et bien bas sur les jambes, pas avec le bras et le poignet
- pas de pivot CD (il faut allier prise de décision rapide, déplacement et coup difficile)
- …
Il faut limiter les prises de décision.
Il faut donner au corps ce dont il a besoin à ce moment là, de la dépense physique. Ca va à l’encontre de l’idée habituelle de vouloir se calmer, mais ça permet de mieux jouer car on se déplace plus normalement
Dernier point, comment préparer la compétition lors de l’entraînement.
Deux axes de travail:
-
se préparer pour jouer en mode “dégradé” à cause du stress
Tactiquement et techniquement ça demande de vrais ajustements qui ne peuvent pas se décider au dernier moment, et le fait de l’avoir travaillé à l’entraînement sera d’une part plus efficace, et d’autre part permettra de retrouver sa sérénité plus rapidement en compétition car la situation aura été gérée et anticipée.
-
s’habituer à jouer avec du stress à l’entraînement
Comme on dit "Entraînement difficile, guerre facile"
Je pense que ça se fait pas en ping pong, mais si on veut préparer qqu’un à résister à une agression (stress ++), il faut de temps en temps l’insulter bien comme il faut, voir lui cracher dessus à l’entraînement. Je sais c’est choquant tout ça, mais concrètement si à l’entraînement on n’est pas assez en situation anxiogène de temps à autre l’écart de contexte est trop important le jour où on va en compétition.
Moi mon truc c’est plutôt la planche à voile, bin j’ai quasiment aucun souvenir de compet qui soit plus dur que la moitié des entraînements que je faisais, physiquement comme mentalement, sauf au début quand j’arrivais en régate et que je savais plus rien faire sur l’eau.
Pour prendre un exemple plus simple, en golf le put de 80cm est “inratable”.
Sans pression n’importe quel joueur en rentre 9 sur 10.
Mais s’obliger à se dire qu’on ne rentre pas chez soit tant qu’on n’en a pas rentré 20 d’affilée c’est autre chose.
Au début c’est sympa, tu échoues à 12, 13, tu te dis que c’est pas de chance.
Puis après le temps passe, t’en as ras le bol, ça fait 2 heures que t’es là, et quand tu dépasses 15 puts tu commences vraiment à te faire dessus. Bah là tu commences à bien travailler