La mobylette peut elle apporter quelque chose que la moto ne peut pas apporter ? Si oui, alors il est intéressant de revenir à la mobylette (par exemple pour apprendre à négocier un virage) et de revenir ensuite à la moto une fois que l’on sait négocier un virage. Il peut être dangereux de rouler avec un grosse moto si on ne sait pas négocier un virage. Si non, si il est aussi facile d’apprendre à négocier un virage avec une grosse moto qu’avec une mobylette, alors, il n’y a aucun intérêt de passer par la mobylette autant commencer tout de suite par la moto. Personnellement j’aurais fait une autre métaphore. Rien ne sert de piloter un A380 quand on veut conduire un sous-marin. ( mais bon, à quoi sert de piloter un sous marin quand on peut séparer les eaux en deux ? )
J’aime bien faire des comparaisons mais toutes les comparaisons ont leurs limites. Il se trouve qu’entre un topspin avec une raquette lente et un topspin avec raquette rapide la différence n’est pas une différence de nature ou de style comme le sous marin et l’avion ou comme la moto et la mobylette. Les circuits de neurones qui déclenchent le top spin sont les mêmes que ce soit avec une raquette lente ou une raquette rapide. Bien sur qu’il y a une différence entre un top avec une raquette rapide et un top avec une raquette lente mais ils s’agit juste d’une légère adaptation pas d’un changement de geste. Des adaptations, le pongiste en fait sans arrêts car toutes les balles sont différentes (et je ne parle pas de la matière). Et cette légère adaptation est d’autant plus facile que le geste est bon. Ceux qui galèrent dans le passage d’une raquette rapide à une raquette lente ou vice-versa sont ceux qui ont un mauvais geste. Quand on a un bon geste l’adaptation prend très peu de temps. Quand je suis revenu vers un bois offensif, j’ai mis à peine une semaine pour adapter mes gestes. Et au bout de deux semaines, c’est comme si j’étais né avec un bois offensif dans les mains.
Le point que tu soulèves peut faire l’objet d’un sujet à part entière. Dans les cahiers de l’insep, sont présentées des expériences scientifiques. Dans une de ces expériences, il était question de savoir quelle différence il existe entre un top frappé et un top rotation au niveau du cerveau. Il était question de savoir si il s’agissait du même PMG (programme moteur généralisé) pour les deux coups. Dans la conclusion, il est dit que la forme du geste est moins importante que la forme de l’impact balle-raquette. “Par ailleurs, nos résultats nous amène à penser que le top spin frappé et le top rotation “sont commandés” par un même PMG avec des caractéristiques superficielles différentes”. On peut supposer que si des gestes aussi différents que le top frappé et le top rotation sont commandés par le même PMG, on peut également penser qu’on ne va pas changer de PMG si on passe d’une raquette rapide à une raquette lente et vice-versa pour le même top.
Autrement dit, ce qui compte le plus, c’est le timing. Placer l’accélération au bon moment compte d’avantage que les mini-différences de forme qui peuvent varier légèrement d’un joueur à l’autre même si on reste dans la même catégorie de top. Je suis certain que si l’on apprend à placer l’accélération comme il faut avec une raquette lente, on arrivera également à placer l’accélération comme il faut avec une raquette rapide. Je pense que le passage à la raquette lente est un bon moyen pédagogique pour sentir ou pour apprendre la bonne structure temporelle du coup (avec la raquette lente, si l’accélération est mal placée, la balle ne passe pas le filet, alors qu’elle peut très bien passer avec la raquette rapide ce qui peut nous induire en erreur), Je trouve que c’est plus difficile de sentir l’instant de l’accélération quand on a une raquette rapide. Combien de personnes jouent avec une raquette rapide sans savoir exactement à quel moment ils placent leur accélération ? C’est une des choses que le retour à la raquette lente peut apporter.
Il est parfois nécessaire de faire un retour arrière (revenir à une raquette plus lente) pour aller plus loin ensuite. Un proverbe chinois dit que pour construire très haut, il faut d’abord creuser profond. Pour ceux qui sont courageux, car c’est un choix courageux de revenir à une raquette lente, cela peux créer un choc qui peut marquer le début d’une meilleure technique. Je pense que pour sortir d’une situation dans laquelle on est enlisé, il faut le courage de changer certaines choses. De toute façon, si le geste est bon le retour à la raquette rapide se fera sans difficulté.