(récupération du topic sur l’ancien forum, seuls le premier message et le point sur la situation un an plus tard sont repris).
Message original du jeudi 28 Février 2013 18:07
Alors que le barbu maléfique n’a pas encore tout à fait fini de ruiner le ping et est donc candidat à sa propre succession, on découvre dans un article sur le site de l’ITTF qu’il est question d’améliorer les contrôles des boosters.
Gasp ! Compte tenu de la complexité du sujet, de l’originalité du législateur qui distingue le bon booster d’usine du mauvais booster d’ailleurs, je ne peux que retenir mon souffle. Après l’e-nez, le RAE, elize, le contrôle de l’épaisseur totale du revêtement… Que vont-ils inventer ?
Detecting Booster and Glues
ITTF Executive Vice President Mr. Koji Kimura presented a revolutionary way to detect “boosters” in rackets without having to remove the racket coverings.
Quel suspens ! Je n’y tiens plus.
Enfin si, quelques secondes de patience mes amis ! Pour ceux qui ne connaîtraient pas Koji Kimura, voici son portrait :
Le port altier, l’air déterminé, sûr de lui… Sûr qu’il nous a mijoté un contrôle aux petits oignons, dont nous reparlerons bien des années plus tard lorsque devenus vieux, sages et impotents, nous expliquerons aux petits loupiots au coin du feu électronique (les cheminées ayant été prohibées), la larme à l’oeil vitreux, comment l’éclat de génie de cet homme a enfin mis un terme à toutes les fraudes boosteresques, terrible fléau dont l’étendue des dégâts est certes restreinte à des altercations entre forumeurs puisque les pros passent gaiement outre, mais ne boudons pas notre plaisir.
The new method would be 'Non-invasive" and measures the rebound of a ball off the racket.
If the rebound is beyond the normal standards for “non-boosted” rackets then it would mean that the racket has been manipulated and boosters introduced. The player would be disqualified. “Further tests will be conducted and we hope to introduce this method in the near future” said ITTF President Adham Sharara.
Je…
Heu…
Comment…
Pourquoi il…
Mais… enfin…
“Pardon mais WTF ?” m’écriai-je une fois la stupeur passée. Ils vont compiler une base de données de toutes les combinaisons de bois (en tenant compte des variations de densité inhérentes à tout travail du bois ?) et d’épaisseurs de revêtements, et bien sûr aussi en testant des montages custom de mousse et de topsheet ?
Et ce fumeux test va distinguer le bon booster du mauvais ?
Et puis on parle de quelle balle, la 40mm en celluloïd ? la 40,5mm en PVC, unie sans joint mais finalement en deux demies-sphères quand même ?
Pendant qu’on y est, pourquoi ne pas tester le coefficient de friction des picots en passant une balle dessus, tout en prétendant que non non non on n’est pas comme ça, il existe toute une procédure standardisée avec des résultats tout à fait honnêtes et reproductibles mais on peut pas donner le modus operandi ni les valeurs obtenues ah ben non c’est dommage hein m’enfin.
Oh wait…
L’ITTF, pour ceux qui en doutait encore, est un réfuge d’incompétents, qui ont l’outrecuidance de se croire à la fois utiles et importants.
Follow up du mercredi 26 Février 2014 11:53 (les citations sont toutes de Yutaka Tsuji et Koji Kimura)
Petite exclusivité signée lecridupongiste : j’ai pu me procurer l’“étude” de Koji Kimura. C’est loin d’être aussi facepalmesque que je le supposais au niveau technique, mais l’étude est ouvertement à charge. Rien que le sous titre : “Effects of booster on bounce properties of rubber (Data for proposal of banning post-treatment of rubbers)”.
Diantre. Il n’a pas encore fini de décrire l’étude qu’il a déjà annoncé la conclusion. C’est gênant au niveau scientifique.
Les mots clés aussi sont embarrassants : “Keywords: Rubber, rule violation, booster, elasticity, rebound height, steel ball.”
Violation de règle. Directement, comme ça, boum. Je me demande toujours comment il distingue le bon booster (le booster sorti de la bouteille de la marque X, appliqué en usine par le producteur, mais tu vois c’est le bon booster) du mauvais booster (le booster sorti de la bouteille de la marque X, appliqué à la maison par le joueur, mais c’est le mauvais booster, tu vois ?).
L’introduction vaut aussi son pesant de cacahuètes :
In spite of these law and regulation, manufacturers, players and coaches ignore the rule of rubber openly. Manufacturers immerse rubbers in mineral oil […]. This immersing process is made against rubbers which are regarded as a completed industrial product.
Oooooh… ben dans ce cas là il suffit de ne pas les homologuer plutôt que de venir nous prendre le chou avec des pseudos études à la mort-moi-le-noeud.
Many rubbers made through such a process are approved by ITTF
Hmmm… Je vois. Problème de cohérence interne ? Vous n’avez pas compris le règlement ITTF ? Clampins.
Speed and rotation of a ball hit by pimples-in rubber increase excessively.
Non. Pardon, mais d’où tirez-vous la légitimité nécessaire pour ce genre d’affirmations ?
it should be recognized that negative influences are becoming apparent.
Non, je ne le reconnais pas. Même question sur la légitimité.
Winning should be gained by high playing skill, not by equipment. This principle is common to every sport.
Choisir et adapter son équipement c’est aussi un talent. Et c’est valable dans quasiment tous les sports (cf F1 où le réglage de la voiture est primordial, le tennis où le choix de la tension du cordage est crucial, etc…). Donc encore une fois, ces allégations vont à la poubelle.
Post-treatment of rubber spoils modern table tennis.
Non. Mais si tu cherches des coupables, j’ai bien un nom à te suggérer. Avec options barbe et présidence de l’ITTF. Et tous ses séides abrutis qui le suivent et le supportent.
As the result of speed increase over the tolerable level, the playing style of table tennis tends to converge on the attack style.
A qui la faute ? Qui a réduit la rotation nécessaire aux défenseurs ? Qui les a privés des armes défensives efficaces au cours des nombreuses purges de revêtements des 15 dernières années ?
It was attempted to reduce ball speed by changing in ball size from 38 to 40 mm. However, it was not long before the development of high performance rubbers increased ball speed and spin, and cancelled the effect of size increase.
Eh ouais. Le marché, c’est plus fort que toi. Mais je suppose que vous n’aurez pas tiré de leçon de cet épisode.
The purpose of this work is to provide data for the proposal of banning post-treatment of rubbers.
Bingo. Au moins c’est clair : c’est une étude à charge. Ça m’en rappelle d’autres, dont il faudra que je parle un de ces jours.
Le processus expérimental dans les grandes lignes : ils testent le rebond d’une bille en acier, après avoir préalablement boosté le revêtement et l’avoir enduit de talc pour éviter l’effet collant.
L’échantillon est risiblement petit : à peine 12 revêtements testés (6 backsides dans les deux couleurs), collés sur des plaques en acrylique. Et sur ces 12, un sera rejeté car le rebond sans booster est plus haut que avec, et ça c’est pas possib’ mon bon môssieur, ça rentre pas dans notre story-telling alors circulez et oubliez donc ce n°3 en rouge il n’a jamais existé.
Une petite pépite :
In the present work, we experienced that the technique of putting on booster is very important. To make the booster effective, we must make the boosting material sink into the rubber uniformly. However, we failed to make such a rubber in case of Rubber 3. This is the reason why the effect of booster on the bouncing height is not clear or so metimes opposite.
Ça se confirme, ces guignols n’y connaissent rien : au cours de l’expérience, ils découvrent que la méthode d’application est cruciale pour l’efficacité du booster… comment dire ? Avoir une position si tranchée sur un sujet et ignorer jusque aux bases dudit sujet ? Bigots.
Leurs recommandations, ou décisions, franchement c’est pas clair :
Concerning determination of the upper limit, two ways are considered.
(1) The upper limit is determined from the rebound height of rubbers without post-treatment by manufacturers like Rubber 2 and 6.
(2) The upper limit is determined from the rebound height of rubbers with post-treatment by manufacturers like Rubber 1, 4 and 5.
If all post-treatments by manufacturers and players are banned, the way (1) should be adopted. However, if this way is adopted, the influences on table tennis circles would be very large, because such rubbers with post-treatment by manufacturers are widely distributed in the world. Besides, those rubbers are formerly approved by ITTF. The way (1) is idealistic but considering social impact, it is not realistic to adopt this way at short notice. We will propose that two steps should be taken toward the final goal. The first step is to adopt the way (2) at the start point of regulation. A few years later, the way (1) will be adopted after confirming that confusion caused by regulations can be avoided.
Donc 1re étape, limite de rebond fixée arbitrairement en fonction des revêtements tunés en usine, puis dans un 2e temps, en fonction des revêtements non tunés.
Aucun mot sur comment comparer le rebond d’un revêtement collé sur un bois, en live dans des conditions de tournoi / championnat avec celui fait en laboratoire, collé sur une plaque en acrylique.
Bref. Comme attendu, du grand foutage de gueule. Nos deux compères se lancent allègrement sans même réfléchir à la réaction du revêtement lorsqu’il est sollicité : “la restitution est-elle linéaire ou suit-elle une loi plus complexe ?” par exemple, n’est même pas abordée. Pas un mot sur l’effet du bois sur la restitution. C’est un travail fait par dessus la jambe. Ou juste une réaction rotulienne : “gnagnagna ça va trop vite pour moi, vite une loi !”. L’envie de pénal, tout ça.
Et le petit détail qui tue : cette étude (je me retiens de mettre des guillemets autour) fait 6 pages, annexes comprises. Et c’est sur cette base que des décisions qui impactent des millions de joueurs sont prises. La classe.
Pour ceux qui voudraient se l’infliger : sur le site de l’ITTF (et sur mega au cas où elle disparaîtrait comme l’étude d’ESN sur la balle PVC).